28.10.2020 08:04 â Thomas Angeli
L'histoire sans fin d'un registre des lobbyistes entre dans une nouvelle phase. Il ne s'améliore pas, au contraire.
Chaque initiative de l'AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale porte un numĂ©ro commençant par le numĂ©ro Ă deux chiffres de l'annĂ©e au cours de laquelle l'initiative a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e. Dans le cas de lâinitiative parlementaire «Pour une rĂ©glementation destinĂ©e Ă instaurer de la transparence en maniĂšre de lobbyisme auf Parlement fĂ©dĂ©ral» de lâancien Conseiller aux Etats Didier Berberat, câest la 15. Depuis cinq ans, le Conseil national et le Conseil des Etats remettent Ă plus tard cette dĂ©sagrĂ©able affaire.
Le souci initial de Berberat était d'abolir enfin le systÚme non-transparent selon lequel chaque membre du Conseil peut délivrer deux cartes d'accÚs à des personnes à sa discrétion : membres de la famille, représentants d'associations ou lobbyistes - et cela de facto sans contrÎle. Dans son initiative, M. Berberat a demandé l'abolition de cette réglementation et l'introduction d'un systÚme d'accréditation officiel pour les lobbyistes. En d'autres termes, toute personne répondant à certains critÚres se verra accorder l'accÚs au Palais fédéral. Un tel systÚme est utilisé depuis des années pour les représentants des médias et fonctionne sans problÚme.
Dans le cas des lobbyistes, cela signifierait lâabolition du «systĂšme des parrains» , vers un registre public dans lequel est inscrit qui se trouve au Palais fĂ©dĂ©ral au nom de qui. Selon le goĂ»t des majoritĂ©s au Conseil national et au Conseil des Ătats, cela a Ă©tĂ© jusqu'Ă prĂ©sent trop de transparence - et le restera. Car ce qui sera dĂ©battu au Conseil national vendredi prochain n'a qu'un lointain rapport avec ce que l'initiateur Berberat exigeait jadis - et rĂ©unissait Ă l'Ă©poque une majoritĂ© du Conseil des Ătats derriĂšre lui.
Par exemple, la Commission des institutions politiques du Conseil national (SPK-N) propose dĂ©sormais que chaque membre du Conseil ne puisse dĂ©livrer qu'un seul badge Ă chaque membre de sa famille ou Ă son collaborateur personnel. Les lobbyistes et les reprĂ©sentants d'entreprises, d'associations ou d'autres groupes d'intĂ©rĂȘt ne viendraient plus au Palais fĂ©dĂ©ral qu'en tant que visiteurs de jour des membres du Conseil. Ă cette fin, ils devront toutefois indiquer pour quel sujet et au nom de qui ils sont prĂ©sent. Ces informations seraient enregistrĂ©es dans un registre accessible au public. Les collaborateur personnels qui sont actifs en tant que lobbyistes devraient Ă©galement s'inscrire dans ce registre, mais pas les membres de la famille.
Il est difficile de ne souligner que les principales faiblesses de cette proposition, car elles sont nombreuses :
Un point qui dérange particuliÚrement les lobbyistes est probablement en partie leur propre faute : ils sont omniprésents au Parlement fédéral et sont souvent perçus comme agaçant. Selon la proposition de la Commission des institutions politiques, la salle des pas perdus et les antichambres des conseils seraient à l'avenir tabous pour eux. "Nous devrons alors tenir des discussions sur l'escalier ou au Café Valloton du Palais fédéral", déclare Reto Wiesli, président de la Société Suisse de Public Affairs (SPAG) : "Imaginez la foule qui s'y trouve ! Cela prend deux jours, puis le Café Valloton est également fermé aux lobbyistes en raison de la congestion".
Pour les membres verts et de gauche du Conseil, la proposition de la Commission est un peu comme un oiseau dans la main, car le pigeon sur le toit - un registre de lobbyistes digne de ce nom - semble hors de portée. Pour les partis conservatifs, c'est une solution élégante que de retirer une fois de plus cette question fastidieuse. Et pour des lobbyistes comme Reto Wiesli, la proposition est «un rafistolage géant, totalement inadapté». La SPAG a réagi de la meilleure façon qui soit dans sa profession : par des discussions, par une lettre à tous les membres du parlement et par une lettre à tous les invités des parlementaires.