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L'institution anti-corruption critique la Suisse

12.11.2024 08:52 – Balz Oertli

Au cours des deux derniĂšres annĂ©es, la Suisse n'a pas fait de progrĂšs dans la lutte contre la corruption au Parlement. C'est ce que constate le GRECO dans son dernier rapport sur la Suisse. Le Groupe d’États contre la Corruption est une institution du Conseil de l'Europe. Il examine pĂ©riodiquement la capacitĂ© de ses membres Ă  lutter contre la corruption. En tant que membre du Conseil de l'Europe, la Suisse est Ă©galement passĂ©e au crible - Lobbywatch a informĂ© en juillet dernier du dernier rapport sur le financement de la politique.

Dans son dernier rapport, le GRECO a examinĂ© dans quelle mesure la Suisse a mis en Ɠuvre ses recommandations prĂ©cĂ©dentes concernant la lutte contre la corruption des parlementaires. La question est Ă©galement de savoir dans quelle mesure les membres d'un parlement dĂ©mocratiquement Ă©lu doivent divulguer leurs mandats. La rĂ©ponse aux recommandations du GRECO reste « plutĂŽt mitigĂ©e » en Suisse, rĂ©sume-t-il sĂšchement. Un coup d'Ɠil dans la base de donnĂ©es de Lobbywatch montre toutefois que la Suisse ferait bien d'Ă©couter plus attentivement le GRECO.

Manque de contrĂŽle

Le GRECO formule des critiques sur trois points: le contrĂŽle, la formation et la rĂ©munĂ©ration. C'est le manque de contrĂŽle que le GRECO met le plus en cause. «Aucune mesure n'a Ă©tĂ© prise en vue de l’introduction d’un systĂšme de contrĂŽle par le Parlement». Les parlementaires sont certes informĂ©-es de la nĂ©cessitĂ© d’annoncer eux- et elles-mĂȘmes leurs intĂ©rĂȘts. «Mais cela ne permet pas de dĂ©tecter d'Ă©ventuelles erreurs ou omissions volontaires», explique le GRECO. Ce n'est pas tout Ă  fait vrai: en l'absence d'une rĂ©glementation officielle, Lobbywatch contrĂŽle depuis dix ans dĂ©jĂ  si les conseiller-Ăšres nationaux-ales et les conseiller-Ăšres aux États publient l'intĂ©gralitĂ© de leurs intĂ©rĂȘts. Et le travail le montre: cela est nĂ©cessaire.

Un contrÎle nécessaire

Rien qu'en 2024, nous avons trouvĂ© plus de 200 mandats de conseiller-Ăšres national-es et de conseiller-Ăšres aux États qui n'ont pas Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s, alors qu'ils devaient l'ĂȘtre. C'est beaucoup. Avec 13 intĂ©rĂȘts (soumis Ă  dĂ©claration) non communiquĂ©s, la conseillĂšre nationale Veronika Thalmann-Bieri (UDC LU) arrive en tĂȘte cette annĂ©e. Parmi ces intĂ©rĂȘts figure son appartenance au comitĂ© de l'association Entlebucher Kaffeeschnapswanderungen - un mandat sans importance politique. La CN Thalmann-Bieri est membre de la CSSS, la Commission de la sĂ©curitĂ© sociale et de la santĂ© publique. Par consĂ©quent, il est dĂ©jĂ  plus intĂ©ressant qu'elle soit aussi bien membre du comitĂ© directeur de « Pro Spital Wolhusen » que membre de « Spitex Region Entlebuch ». Ces deux affiliations ne sont pas signalĂ©es dans le registre officiel. La conseillĂšre nationale Thalmann-Bieri ne mentionne que deux mandats de CA dans le registre du Parlement. Sur demande, Thalmann-Bieri renvoie Ă  son site web personnel, sur lequel elle liste tous ses intĂ©rĂȘts. La conseillĂšre nationale Thalmann-Bieri est ici un exemple pour divers parlementaires. Dans plus de 40 % des cas, Lobbywatch a trouvĂ© plus de mandats (mĂȘme s'ils sont souvent minimes) que ceux qui sont enregisrĂ©s. Un contrĂŽle accru serait donc une possibilitĂ©.

Pas de conseils

Mais quels mandats doivent ĂȘtre divulguĂ©s? Le GRECO Ă©crit dans son rapport que les parlementaires sont laissĂ©-es Ă  eux- et elles-mĂȘmes lorsqu'il s'agit de rendre compte leurs mandats. La formation et les conseils font dĂ©faut. Seul un «guide Ă  l’intention des parlementaires concernant l’acceptation d’avantages, les devoirs en matiĂšre de transparence et le traitement des informations» est distribuĂ© Ă  tous-tes les parlementaires. En outre, il leur est rappelĂ© chaque annĂ©e l'obligation de mettre Ă  jour leurs intĂ©rĂȘts. «Le GRECO a jugĂ© ces mesures [...] insuffisantes», Ă©crit-il succinctement. Lobbywatch est plutĂŽt sĂ©vĂšre sur cette question. Nous dressons la liste de tous les intĂ©rĂȘts que nous trouvons - mĂȘme ceux qui ne sont pas soumis Ă  l'obligation de dĂ©claration selon la loi sur le Parlement.

La transparence est efficace

Le dernier point concernant les rĂ©munĂ©rations des mandats montre qu'il y aurait moyen d'amĂ©liorer les choses. Le GRECO critique le fait qu'en Suisse, les conseiller-Ăšres nationaux-ales et aux Etats n'ont toujours pas l'obligation de dĂ©clarer combien ils et elles gagnent avec leurs mandats. Pas plus tard qu'en mai, le Parlement a rejetĂ© la motion Mazzone qui exigeait que les parlementaires communiquent la fourchette de leurs revenus. Le GRECO a «pris note avec regret» de cette dĂ©cision. LĂ  aussi, Lobbywatch tente d'instaurer la transparence. A trois reprises dĂ©jĂ , aprĂšs chaque Ă©lection, nous avons demandĂ© Ă  tous-tes les parlementaires de divulguer volontairement les revenus de leurs mandats. AprĂšs les Ă©lections de l'automne dernier, lors de l’établissement de la derniĂšre liste de transparence, 58 % ont acceptĂ© de le faire auprĂšs de Lobbywatch.