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Le financement des partis : une longue histoire en souffrance

13.03.2018 08:02 – Otto Hostettler

Beaucoup des conseils nationaux et des conseils d'état ne se soucient pas de la transparence. Ils devront repenser, les électeurs veulent savoir qui sont les financiers en politique.

Ce 4 mars, dans les cantons de Fribourg et de Schwyz une majoritĂ© de citoyens s’est prononcĂ©e en faveur d’une initiative visant Ă  ce que les partis politiques doivent annoncer d’oĂč ils reçoivent leurs fonds pour Ă©lections et votations. Les mĂ©dias ont taxĂ© cette dĂ©cision de surprise, pas uniquement du fait que ces initiatives Ă©manent des jeunesses socialistes cantonales.

Or, le fait que cette volontĂ© populaire se soit manifestĂ©e dans les urnes en faveur de tels projets, n’est en rien une surprise en soit. C’est peut-ĂȘtre surprenant pour les politiciens qui continuent Ă  se prononcer contre les efforts de transparence et se refusent Ă  voir que leur crĂ©dibilitĂ© est Ă©troitement liĂ©e Ă  cette transparence.

Sous la Coupole fĂ©dĂ©rale, nombreux sont les parlementaires Ă  ignorer cette volontĂ© populaire. Cette volontĂ© qui tient Ă  connaĂźtre les financements des opĂ©rations d’affichage et de placardage Ă©lectoral, et qui tient Ă  savoir qui ouvre sa bourse pour les campagnes de tel ou tel politicien. Ils nous rĂ©pondront qu’il s’agit lĂ  d’une culture de l’envie et de protection de la sphĂšre privĂ©e. Il s’agit de tout autre chose : le peuple veut enfin savoir qui est politiquement indĂ©pendant et qui se laisse financer, tenter par de riches association ou de lobbies.

Fribourg et Schwyz ne sont que les nouveaux cantons Ă  devoir introduire des rĂšgles sur la transparence. C’est dans la partie latine de la Suisse que se trouvent les autres cantons Ă  avoir de telles rĂšgles : GenĂšve, NeuchĂątel et le Tessin connaissent dĂ©jĂ  de telles situations. Les politiciens qui craignent de devoir publier les noms de leurs plus grands soutiens devraient se demander s’ils ne devraient pas rendre dĂ©jĂ  aujourd’hui de tels noms d’eux-mĂȘme. Cette thĂ©matique ne se rĂ©sorbe pas d’elle-mĂȘme. Il est prĂ©visible qu’une telle initiative soit mise prochainement au vote au niveau fĂ©dĂ©ral. L’initiative pour la transparence n’émane pas d’un groupe de quelques jeunes trĂšs motivĂ©s, mais rĂ©sulte d’une alliance socialiste, du PBD, des Verts et du PEV.

DĂ©jĂ  maintenant, Lobbywatch aimerait connaĂźtre les rĂ©tributions des parlementaires pour leurs activitĂ©s associatives ou dans des entreprises en dehors du Palais fĂ©dĂ©ral. C’est pour cela que nous avons tout rĂ©cemment contactĂ© tous les membres de l’AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale et les avons priĂ© de rendre public leurs engagements salariĂ©s ou dĂ©frayĂ©s. L’an dernier, lors d’un mĂȘme exercice, le rĂ©sultat Ă©tait dĂ©sillusoire. Seuls vingt pour cent ont acceptĂ© de jouer le jeu de la transparence. Cette annĂ©e, comme le montrent les premiers retours, le pourcentage de rĂ©ponses sera plus Ă©levĂ©.

Que les politiciens qui n’ont pas encore compris ce que la transparence peut apporter Ă  leur crĂ©dibilitĂ©, devraient rapidement retourner Ă  leurs Ă©tudes.