26.11.2019 08:34 â Thomas Angeli
Les lobbyistes auront, Ă lâavenir, accĂšs aux procĂšs-verbaux confidentiels des commissions. Un article en ce sens a Ă©tĂ© introduit, dâune maniĂšre inaperçue, dans une ordonnance.
Les lobbyistes ont droit Ă un cadeau de NoĂ«l avant lâheure : le nouvel article 6c de l'ordonnance sur l'administration du Parlement entrera en vigueur le 2 dĂ©cembre, juste avant la nouvelle lĂ©gislature. Les quelques lignes du texte peuvent passer presque inaperçues. Pourtant, elles affirment ceci : « Tout dĂ©putĂ© peut dĂ©signer un collaborateur personnel qui se verra accorder lâaccĂšs, sur lâextranet, aux procĂšs-verbaux des commissions dont le dĂ©putĂ© fait partie (âŠ) », peut-on lire Ă lâalinĂ©a 1. Cela semble logique Ă premiĂšre vue. Les collaborateurs-trices personnel-le-s doivent soutenir les dĂ©putĂ©-e-s dans leur travail, leurs recherches, la compilation des faits et la prĂ©paration des documents. Ils/elles doivent, de plus, connaĂźtre les rouages des commissions. Selon lâalinĂ©a 2, ils/elles sont soumis aux dispositions sur le secret de fonction. Tout est en ordre donc.
Non.
Au contraire, le nouveau rĂšglement constitue une divulgation dâinformation institutionnalisĂ©e. Les lobbyistes, les reprĂ©sentant-e-s des groupes d'intĂ©rĂȘt et les responsables des relations publiques des entreprises peuvent ĂȘtre admis au Palais fĂ©dĂ©ral en tant que collaborateur-trice personnel-le dâun-e dĂ©putĂ©-e. Ils/elles ont ainsi accĂšs Ă des documents d'un grand intĂ©rĂȘt pour leurs affaires. Qu'un-e parlementaire enregistre un-e lobbyiste comme « invitĂ©-e » ou comme « collaborateur-trice personnel-le » auprĂšs des Services du Parlement « relĂšve de la responsabilitĂ© personnelle des dĂ©putĂ©-e-s », explique Philippe Schwab, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale. « Les Services du Parlement n'exercent aucune fonction de contrĂŽle. » En d'autres termes, tout-e lobbyiste ou reprĂ©sentant-e d'une association qui souhaite avoir accĂšs aux procĂšs-verbaux verbaux des commissions peut simplement trouver un-e parlementaire lâannonçant comme son-sa « collaborateur-trice personnel-le ».
Un coup d'Ćil au « Registre des accrĂ©ditĂ©s » de la derniĂšre lĂ©gislature (le nouveau registre nâest pas encore disponible) montre que le titre « collaborateur-trice personnel-le » est parfois attribuĂ© trĂšs librement. Thomas Zeltner, par exemple, a Ă©tĂ© enregistrĂ© comme « collaborateur personnel » du conseiller national Ulrich Giezendanner (UDC/AG). L'ancien directeur de l'Office fĂ©dĂ©ral de la santĂ© publique est aujourd'hui prĂ©sident du conseil d'administration de la caisse maladie KPT. Ulrich Giezendanner nây voit pas un problĂšme : « Le Dr Zeltner me conseille de maniĂšre trĂšs compĂ©tente sur les questions de santĂ© », rĂ©pondait lâArgovien lorsque Lobbywatch lui Ă©voquait, lâan passĂ©, cette affectation discutable.
Dâautres exemples le montrent. Les frontiĂšres entre « collaborateur-trice personnel-le » et groupe dâintĂ©rĂȘt sont floues. Mario Senn, responsable de la politique Ă©conomique de la Chambre de commerce de Zurich, et Patrick Mayer, de la Chambre France-Suisse pour le commerce et lâindustrie, sont les « collaborateurs personnels » respectivement de la conseillĂšre nationale Regine Sauter (PLR/ZH) et du conseiller national Roger Golay (MCG/GE). Ce titre flou est Ă©galement trĂšs apprĂ©ciĂ© des conseiller-Ăšre-s en communication. Au moins quatre reprĂ©sentants de ce domaine dĂ©ambulaient dans la Salle des pas perdus Ă la fin de la derniĂšre lĂ©gislature.