17.06.2019 03:01 â Thomas Angeli
Deux initiatives du PLR et de l'UDC au cours des deux derniÚres semaines ont appelé à une plus grande transparence au sein du Conseil national. C'est drÎle, cependant, que les auteurs rejettent systématiquement cette idée.
Qu'est-ce qui ne va pas chez les bourgeois ? Ceux qui ont suivi les discussions au Conseil national ces deux derniĂšres semaines ont Ă©tĂ© stupĂ©faits : le prĂ©sident de l'Union suisse des arts et mĂ©tiers (usam), Hans-Ulrich Bigler (PLR, ZH), et le reprĂ©sentant de l'UDC de Zurich, Claudio Zanetti, se sont prononcĂ©s pour plus de transparence. Ce qui, Ă premiĂšre vue, ressemblait Ă un grand revirement bourgeois s'est avĂ©rĂ© ĂȘtre une manĆuvre de diversion mal dissimulĂ©e.
Dans une initiative parlementaire, Claudio Zanetti a proposé une sorte de contrÎle d'attitude pour les professionnels des médias. A cette fin, il a souhaité remplacer la loi parlementaire par un paragraphe imposant aux journalistes des médias financés en tout ou en partie par l'Etat de signaler à la Chancellerie fédérale leur appartenance à des partis et organisations politiques. En outre, ils doivent présenter leur propre position politique "conformément à un questionnaire communément utilisé en science politique". Les journalistes "sont tout aussi responsables devant la population que les représentants élus du peuple".
La loi s'adresse aux médias de la SSR, que Zanetti n'aime pas beaucoup, mais affecterait également toutes les radios et télévisions locales cofinancées par des redevances qui couvrent les événements au Parlement fédéral. Les journalistes de Keystone-ATS devraient également participer à l'examen de leurs opinions. Cependant, l'attaque flagrante de Zanetti contre la liberté des médias sous couvert de transparence n'a pas été appréciée au Conseil national : Le conseil a clairement rejeté la demande.
ContrĂŽle administratif selon l'usam
Le prĂ©sident de l'usam, Hans-Ulrich Bigler, a toutefois rĂ©ussi : il a exigĂ© que les cadres de l'administration fĂ©dĂ©rale, des organisations similaires aux administrations, ainsi que des sociĂ©tĂ©s de consultants qui sont au service de celle-ci doivent dĂ©clarer leurs intĂ©rĂȘts dans un registre analogue au parlement. Le raisonnement de Bigler: "Or les intĂ©rĂȘts des collaborateurs de l'administration ne sont consignĂ©s dans aucun registre, contrairement Ă ceux des membres du Parlement et des commissions extraparlementaires, ce qui rend impossible toute estimation des sensibilitĂ©s politiques reprĂ©sentĂ©es au sein de l'administration."
Les attaques et les interventions de Bigler contre l'administration fédérale sont légendaires. Au cours de ses quatre années au Conseil national, il a présenté plus de 20 propositions dirigées contre l'administration. Par exemple, sur "l'excÚs de pouvoir de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires", "la propagande politique de l'administration fédérale" ou "la politisation de la recherche énergétique".
Il est dĂ©sormais incontestĂ© que l'administration prend des mesures importantes dans le processus lĂ©gislatif. Toutefois, comme le Conseil fĂ©dĂ©ral l'a Ă©galement prĂ©cisĂ© dans sa rĂ©ponse Ă la proposition de Bigler, les employĂ©s fĂ©dĂ©raux ont dĂ©jĂ l'obligation de signaler les activitĂ©s non professionnelles Ă leurs supĂ©rieurs. Si un conflit d'intĂ©rĂȘts menace de survenir dans le cadre d'une transaction, mĂȘme les activitĂ©s exercĂ©es gratuitement doivent ĂȘtre signalĂ©es. En raison des diverses obligations qui incombent aux employĂ©s fĂ©dĂ©raux (interdiction d'accepter des cadeaux, protection du secret professionnel et du secret des affaires, obligation de s'abstenir de toute action), le Conseil fĂ©dĂ©ral arrive Ă une conclusion simple : la position des employĂ©s fĂ©dĂ©raux ne peut ĂȘtre comparĂ©e Ă celle des parlementaires qui sont libres de dĂ©cider de leurs activitĂ©s extraparlementaires. Cependant, le Conseil national a adoptĂ© un point de vue diffĂ©rent et a acceptĂ© la motion de Bigler. C'est maintenant au Conseil des Etats de dĂ©cider.
L'épreuve d'acidité du 18 juin
Ces deux avancĂ©es ne manquent pas d'ironie, car ni Zanetti ni Bigler ne sont des phares de la transparence. Au contraire : tous deux ont rejetĂ© toute tentative de transparence accrue dans l'intĂ©rĂȘt des parlementaires et de leurs invitĂ©s.
Mardi prochain, le 18 juin, ils auront au moins l'occasion de corriger cela. Ensuite, le Conseil national discutera de l'introduction d'un registre des lobbyistes. S'ils disent non à la proposition de la Commission de ne pas adhérer (et donc oui à l'introduction d'un tel registre), ils pourraient au moins rendre leurs propositions un peu plus crédibles.