09.09.2025 11:58 – Balz Oertli
Les nouveaux chiffres sur le financement des partis politiques suisses en 2024 révèlent que l'UDC, qui se présente comme le champion de la lutte contre un État hypertrophié, tire 40 % de son budget directement de la Confédération. C'est ce que montrent les données publiées fin août par le Contrôle fédéral des finances (CDF), même si celles-ci sont loin d'être transparentes.
Les partis nationaux ont encaissé 22,4 millions de francs en 2024, soit 3,9 millions de moins qu'au cours de l'année électorale 2023. Mais le CDF reconnaît lui-même que les données ne permettent pas « d'avoir une vue d'ensemble du financement politique ».
Le problème réside dans les détails : contrairement à d'autres partis, le Centre ne prélève par exemple aucune cotisation à l'échelle nationale, mais les sections cantonales versent des « dons » à Berne. Ces dons ne sont toutefois visibles qu'à partir de 15 000 francs, ce qui permet à des montants importants d'échapper à l'attention du public. Seules les directions nationales des partis sont tenues de déclarer leurs recettes. Tout ce qui se passe en dehors de ce cadre n'est pas soumis aux règles de transparence.
Selon le CDF, la seule conclusion qui peut être tirée avec certitude de ces données est la suivante : « Les partis se financent de manière différente. » Une constatation triviale.
Des fonds fédéraux pour tous – en particulier pour l'UDC
Mais un coup d'œil aux contributions versées aux groupes parlementaires au Parlement national révèle des détails croustillants. Les contributions aux groupes parlementaires sont des moyens financiers versés aux groupes parlementaires pour couvrir leurs frais d'infrastructure, tels que les frais de secrétariat et de bureau. Selon le CDF, ces fonds ne font pas partie de la divulgation. Selon les services parlementaires, 7,5 millions de francs ont été versés par la Confédération aux partis en 2024, soit un quart du budget total des partis. Si l'on ajoute ces montants aux recettes des partis, on obtient un tableau intéressant : un quart des recettes des partis au niveau national provient de la Confédération. L'UDC tire même 40 % de son budget de la Confédération.
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La mystérieuse source de financement de l'UDF et du MCG
Le cas de l'UDF est mystérieux : elle génère 40 % de ses revenus grâce à la « vente de services ». Quel est le produit phare de l'UDF ?
Les chiffres du petit parti genevois MCG sont encore plus énigmatiques. Pas moins de 78 % de ses revenus n'apparaissent dans aucune des sous-catégories. Les trois quarts du budget du MCG proviennent donc d'autres sources que les dons, les manifestations, les ventes, les cotisations des membres, les contributions des mandats ou les contributions des groupes parlementaires. D'où vient cet argent ?
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L'argent de l’économique pour les partis bourgeois et la grande inconnue
Mais l'analyse des données fournit également des informations claires : alors que 97 % des dons au PS sont des petits dons (moins de 15 000 francs), une grande partie des dons aux partis bourgeois proviennent d'entreprises et d'associations économiques. Pour l'UDC, 80 % des dons proviennent du monde économique, contre deux tiers pour le centre et les Verts libéraux. Les banques et les assurances se montrent particulièrement généreuses envers les partis bourgeois. À elle seule, l'UBS leur a versé un million de francs l'année dernière. Un don sur dix versé au PLR, à l'UDC, au centre et au PVL provient du secteur financier.
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Mais même si les chiffres révèlent des dépendances à différents niveaux, les rapports de force réels restent cachés. En effet, plus de la moitié des dons restent anonymes en raison du seuil de 15 000 francs.
L'Office fédéral de la justice évalue actuellement les règles relatives à la transparence du financement politique. Les résultats sont attendus cette année encore. Il reste à voir si l'OFJ parviendra à la même conclusion décevante que le CDF.
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Dons divulgués par les partis cantonaux aux partis nationaux, comptabilisés comme cotisations des membres. Cotisations des groupes parlementaires réparties proportionnellement en fonction de la taille des groupes. Source des données : CDF, Services du Parlement (cotisations des groupes parlementaires). Graphique : Flourish. ↩︎ ↩︎
Données : CDF, graphique : Flourish ↩︎