07.11.2019 13:55 â Philippe Wenger (Traduction: ZĂ©lie Schaller)
Les élections fédérales du 20 octobre dernier ne concernent pas seulement les membres du Parlement. Des lobbies ont perdu de leur influence et doivent trouver de nouveaux relais au Palais fédéral.
A la suite de la non-rĂ©Ă©lection de dĂ©putĂ©-e-s, divers lobbies perdent non seulement les dĂ©fenseurs de leurs intĂ©rĂȘts ayant le droit de vote au Parlement, mais aussi leur carte d'accrĂ©ditation au Palais fĂ©dĂ©ral. Chaque parlementaire peut distribuer deux badges Ă toute personne de son choix. Ce sĂ©same est grandement apprĂ©ciĂ© des lobbyistes, car il leur donne un accĂšs privilĂ©giĂ© Ă la Salle des pas perdus.
Pour les lobbyistes, une pĂ©riode intensive a dĂ©butĂ©. Et ce, Ă deux niveaux. D'une part, ils doivent offrir des mandats aux parlementaires dans des conseils dâadministration ou des associations. Les tractations vont bon train : le nouveau conseiller national vert, Felix Wettstein, a indiquĂ© sur Twitter avoir Ă©tĂ© contactĂ© par sept groupes de pression actifs dans le domaine de la santĂ© trois jours aprĂšs son Ă©lection seulement. D'autre part, les lobbyistes doivent chercher de nouveaux Ă©lus les reprĂ©sentant.
Voici la liste â non exhaustive â des groupes dâintĂ©rĂȘt qui perdent de leur influence :
Les caisses maladie accusent plusieurs dĂ©parts. Le plus important est sans doute celui de la directrice de SantĂ©suisse, l'association faĂźtiĂšre de la branche de lâassurance maladie : Verena Nold Rebetez. Elle Ă©tait l'invitĂ©e du prĂ©sident de SantĂ©suisse, Heinz Brand (UDC/GR), qui nâa pas Ă©tĂ© rĂ©Ă©lu.
Les PME figurent parmi les grandes perdantes Ă©galement. Dieter KlĂ€y, invitĂ© par Hans-Ulrich Bigler (PLR/ZH), Alexandra Krattinger, invitĂ©e par Jean-François Rime (UDC/FR), et Roland MĂŒller, invitĂ© par Peter Schilliger (PLR/LU), dĂ©fendaient les intĂ©rĂȘts des entreprises.
L'affaiblissement des syndicats est directement liĂ© Ă la perte de siĂšges socialistes. AprĂšs la non-rĂ©Ă©lection des syndicalistes Philipp Hadorn (PS/SO), Adrian WĂŒthrich (PS/BE) et Corrado Pardini (PS/BE), trois reprĂ©sentants des travailleur-se-s disparaissent, au moins temporairement, de la Salle des pas perdus.
Les chrĂ©tiens Ă©vangĂ©liques ont aussi subi des revers. Beat Christen, invitĂ© de Jean-François Rime (UDC/FR), perd son badge, mais demeure le secrĂ©taire de lâintergroupe parlementaire Politique chrĂ©tienne. Le prĂ©sident Philipp Hadorn (PS/SO) nâa pas Ă©tĂ© rĂ©Ă©lu, de mĂȘme que Laurent Wehrli (PLR/VD). Reste Eric Nussbaumer (PS/BL) comme reprĂ©sentant de lâintergroupe parlementaire. Avec le dĂ©part de Philipp Hadorn, Annette Walder, responsable du bureau d'information et du rĂ©seau de PriĂšre pour la Suisse, perd son badge.
Des reprĂ©sentants du** mouvement LGBT** perdent aussi leurs cartes dâaccrĂ©ditation, de maniĂšre plutĂŽt involontaire de la part des Ă©lecteurs. Il s'agit des deux invitĂ©s de Rosemarie Quadranti (PBD/ZH), Denis KlĂ€figer et Roman Heggli, mais Ă©galement l'hĂŽte de Martin Naef (PS/ZH), Patrick Hadi Huber, conseiller communal socialiste Ă Zurich qui nâa de cesse de dĂ©fendre les droits de la communautĂ© LGBT. Seul Angelo Barrile (PS/ZH), membre du comitĂ© de Pink Cross, conserve son siĂšge au Parlement.
Les thĂ©oriciens du complot ainsi que les opposants aux vaccins et Ă la tĂ©lĂ©phonie mobile perdent aussi leur passe, aprĂšs la non-rĂ©Ă©lection de Luzi Stamm (UDC, AG). L'invitĂ© de ce dernier, Roland Schöni (secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâorganisation « Alpenparlament » qui a fait la une des journaux), n'aura fait qu'une brĂšve apparition dans la Salle des pas perdus : il ne possĂ©dait son badge que depuis le dĂ©but de l'annĂ©e.