15.10.2018 15:55 â Thomas Angeli
La Commission des institutions politiques du Conseil des Etats ne veut apporter que des corrections cosmĂ©tiques Ă lâopaque rĂšglement sur le lobbying sous la Coupole fĂ©dĂ©rale.
Ce qui nâĂ©tait encore que des rumeurs depuis plusieurs mois devient dĂ©sormais une certitude : le «systĂšme des parrains», qui permet Ă tout parlementaire helvĂ©tique de remettre Ă deux personnes une carte dâaccĂšs permanente pour le Parlement fĂ©dĂ©ral, reste en place. C'est ce qu'a dĂ©cidĂ© la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats (CIP-E) lors de la discussion sur l'initiative parlementaire «Pour une rĂ©glementation destinĂ©e Ă instaurer de la transparence en matiĂšre de lobbyisme au Parlement fĂ©dĂ©ral» du Conseil des Etats Didier Berberat (PS/NE). De cette façon, les membres du conseil continuent de dĂ©terminer qui est autorisĂ© Ă entrer et Ă sortir du Palais.
Au cours du processus de consultation, Lobbywatch s'Ă©tait clairement prononcĂ© en faveur de l'abolition de l'ancien systĂšme, trop opaque. Ce systĂšme encourage le mĂ©lange des intĂ©rĂȘts privĂ©s des politiciens et de leurs activitĂ©s parlementaires. Les conseillers nationaux qui ont un mandat rĂ©munĂ©rĂ© dans un conseil d'administration d'une entreprise peuvent continuer Ă donner au CEO de cette entreprise un accĂšs direct aux parlementaires suisses. Et les conseillers dâEtat qui prĂ©sident une association peuvent Ă l'avenir continuer Ă enfermer le lobbyiste en chef de cette association directement et en permanence dans le foyer. Il n'est donc pas surprenant que lors de la consultation, les partis bourgeois et les associations de grandes entreprises aient voulu tout laisser en l'Ă©tat.
Didier Berberat exigeait dans son initiative parlementaire que ce «systĂšme des parrains» soit remplacĂ© par un registre accessible au public dans lequel les lobbyistes doivent sâenregistrer et lister leurs clients. La CIP-E prend alors cette prĂ©occupation en compte sous une forme amoindrie. A l'avenir, les employĂ©s d'agences de lobbying et de cabinets d'avocats devront informer leurs employeurs et leurs clients : «Par exemple, il faudrait indiquer que, au nom d'une certaine entreprise, les membres du conseil devraient recevoir des informations concernant une certaine lĂ©gislation», indique le rapport explicatif. Mais ils ne veulent pas le vĂ©rifier : «La vĂ©rification de l'exactitude de ces informations exigerait un effort disproportionnĂ©. C'est lĂ que les mĂ©dias jouent un rĂŽle important.» En d'autres termes, les mĂ©dias devraient juger ce que la politique ne veut pas rĂ©glementer.
Pourtant 3121 citoyens sont dâaccord quâil faut : «ArrĂȘter le jeu de cache-cache avec les lobbies!» La pĂ©tition de Lobbywatch a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e au Parlement Ă l'Ă©tĂ© 2018 - la discussion se poursuit.